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L’Asie centrale des montagnes : contrastes et extrêmes

Newsroom | 27 janvier 2023

Charnière entre Europe et Chine ainsi qu’entre monde russe et Orient, l’ex-Asie centrale soviétique s’étend sur 4 millions de kilomètres carrés. Riche d’une histoire millénaire, elle occupe une place très particulière dans l’imaginaire occidental et attire les voyageurs ; dotée de nombreuses ressources naturelles, elle est opportunité d’affaires mais demeure méconnue et demande une approche préparée.

GEODESK a fait le point en fin d’année dernière sur l’Asie centrale des steppes (Kazakhstan, Ouzbékistan et Turkménistan) et vous emmène désormais dans les montagnes du Kirghizistan et du Tadjikistan.

 

Des reliefs et des climats marqués

De taille et de population très proches (plus ou moins 200.000 km² pour 6 millions d’habitants), ces deux états sont essentiellement montagneux, prémices des « toits du monde » que sont le Tian-Chan et le Pamir.

Les reliefs divisent ainsi le Kirghizistan en deux selon un axe sud-ouest/nord-est avec des cols approchant les 3.000 mètres. Au nord-est du pays, des sommets de 7.000 mètres marquent la frontière avec la Chine (Jenguish Chokousou – ex-pic Pobedy, 7.439 mètres) ; au sud, le mont Abou Ali Ibn Sina – ex-pic Lénine (7.134m) est partagé avec le Tadjikistan, dont plus de la moitié du territoire est située au-dessus de 3.000 mètres et culmine, dans le Pamir-Alaï également, à 7.495 mètres au sommet de l’Ismaïl Samani – ex pic Staline puis pic du communisme).

Le climat de l’ensemble est clairement continental et varie selon les régions : influences subtropicales dans la vallée de la Fergana au Kirghizistan (jusqu’à 40°c en été), caractère montagnard, voir polaire selon l’altitude dans le Tian-Chan et le Pamir. Au Tadjikistan, le minimum absolu relevé est de -63°c, pour une maximale de 48°c !

Un premier point de vigilance s’impose donc pour toute expédition en haute montagne.

Le site internet « conseils aux voyageurs » du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères souligne ainsi que « le Kirghizistan abrite trois sommets de plus de 7 000 m très prisés des alpinistes. Le pic Lénine est très populaire, l’accès au camp de base se faisant par une route asphaltée qui relie le Kirghizistan et le Tadjikistan, à près de 4 000 m d’altitude. Toutefois, l’accès à ce camp et surtout l’ascension (…) ne sont pas sans danger. En effet, l’arrivée par voiture au camp de base sans fournir le moindre effort physique ne permet pas l’acclimatation. La température au sommet peut descendre jusqu’à -30°C, alors même que la chaleur estivale couvre le camp de base. Les voyageurs peuvent souffrir de violents maux de tête et d’insomnie dès leur arrivée. Chaque année, plusieurs accidents mortels sont enregistrés, dus à une ascension trop rapide (embolies pulmonaire ou cérébrale), à des erreurs d’inattention (chutes dans une crevasse, décrochages sur une pente glacée) ou encore au manque d’équipement (gelures pouvant entraîner l’amputation des phalanges, faute de gants ou de chaussures adaptés) ».

De manière générale, dans les deux pays, il est vivement recommandé selon la même source :

– de ne pas s’aventurer seul en montagne,

– de ne pas s’engager auprès d’une agence de voyage, française ou locale, sans s’être préalablement renseigné sur les conditions de l’ascension, les différentes étapes de l’acclimatation, les règles d’alimentation et l’équipement nécessaire,

– de prendre contact bien en amont avec son guide (dont les références et les compétences, notamment linguistiques, devront être vérifiées) et de définir la liste des vêtements et des équipements requis,

– de ne pas partir en montagne sans équipement approprié (contre le froid notamment),

– de ne pas s’approcher des frontières.

Il convient également de rappeler que ces confins montagneux sont des zones sismiques, notamment le Tadjikistan où des magnitudes de 3 à… 8 sur l’échelle de Richter peuvent être observées. Afin d’anticiper, les recommandations d’usage en la matière sur le site de l’ambassade de France au Tadjikistan peuvent être utilement consultées.

 

Un réseau de transport médiocre et dangereux

Tant au Kirghizistan qu’au Tadjikistan, il convient d’être extrêmement prudent au volant, et de privilégier les véhicules avec chauffeur dotés d’une licence officielle et de l’équipement d’urgence indispensable (chaînes, couvertures, chauffages d’appoint, nourriture, essence).

Hormis quelques grands axes (Bichkek/Och, Bichkek/lac Yssyk-Kol, Bichkek/Almaty au Kazakhstan), le réseau routier est en mauvais état et très vite les stations d’essence sont éloignées les unes de autres. Une mention toute particulière doit être fait du tunnel d’Anzob (ou Istiqlal) qui relie Douchanbé au nord du Tadjikistan : long de 5 kilomètres et excessivement vétuste, son éclairage et sa ventilation sont déficients, d’où le surnom parlant de « tunnel de la mort ». On ne l’empruntera que sans solution alternative, en s’assurant de ses arrières et de la possibilité de faire rapidement demi-tour.

De nombreux cols situés en haute altitude sont fermés ou d’accès difficile pendant la période hivernale. Le poste frontière de Karamyk (entre les deux pays) n’est pas ouvert aux étrangers.

Le réseau ferroviaire est ancien mais globalement fiable. Au Kirghizistan, il relie Bichkek au lac Yssyk-Kol et au Kazakhstan. Au Tadjikistan, Douchanbé est reliée à l’Ouzbékistan.

En matière de transport aérien, si l’on peut atterrir dans les deux capitales en venant d’Istanbul, de Dubaï ou de Russie sur des compagnies IATA, il est rappelé que l’ensemble des opérateurs locaux sont inscrits sur la liste des compagnies aériennes interdites dans l’Union Européenne.

 

Une situation sécuritaire correcte mais des risques potentiels

Contrairement à d’autres pays de la zone, Tadjikistan et Kirghizistan ont connus des troubles importants lors de, ou après, la chute de l’URSS : guerre civile de 1992 à 1997 pour le premier, violentes manifestations en 2005 et 2010 pour le second. Si, dans les deux cas, des reprises en main musclées ont permis de revenir à une paix civile quasi-totale, les rapports sociaux demeurent durs et les tensions potentielles.

S’il n’y a pas d’occurrence récente, le risque terroriste n’est pas non plus à écarter dans un contexte régional surdéterminé.

La petite délinquance, quasi-inexistante jusqu’il y a peu, tend à apparaitre : quelques cas de racket de touristes sur le marché de Bichkek par de faux policiers en civil ont été rapportés récemment, ainsi qu’aux contrôles douaniers des frontières terrestres.

Il convient également d’être vigilant aux abords des bureaux de change et des distributeurs automatiques de billets.

Le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères rappelle par ailleurs que « des agressions sexuelles à l’encontre de touristes étrangères ont été signalées. Il est recommandé de veiller à ne jamais se retrouver seule dans les zones isolées ou peu fréquentées, notamment à la nuit tombée. Il est également recommandé aux femmes d’éviter de pratiquer des excursions en montagne sans accompagnement par au moins un homme de confiance ».

 

Quelques no-go zones clairement signalées

La totalité du territoire du Kirghizistan est classé en jaune (« vigilance renforcée »). Seul l’accès à la frontière tadjiko-kirghize, où ont occasionnellement lieu des affrontements armés, est sévèrement contrôlé. Il est d’ailleurs fortement déconseillé de se rendre dans tout l’oblast de Batken (sud-ouest), les relations entre villages frontaliers kirghizes et tadjiks dans le bassin de la rivière Isfara étant conflictuelles depuis de nombreuses années.

Au Tadjikistan, le jaune prévaut également, mais l’ensemble des frontières avec l’Ouzbékistan (ouest) et l’Afghanistan (sud) est formellement déconseillé (zone rouge) car on y relève une quarantaine de zones minées, ainsi que dans la vallée de Garm (centre du pays). Elles sont balisées par un marquage de norme internationale (piquet métallique portant un triangle rouge pointant vers le bas et la mention « mines »). Dans ces régions, il est indispensable de rester sur les routes et de ne pas se déplacer à pied. Il convient de se renseigner régulièrement auprès des ONG ou organisations internationales présentes sur le terrain (OSCE, PAM). Des travaux de déminage sont en cours.

Enfin, l’accès à la région autonome du Haut-Badakhchan (est du pays) est réglementé. Les voyageurs désireux de s’y rendre doivent être détenteurs de l’autorisation requise par les autorités tadjikes. Elle peut être obtenue lors de la demande de visa et, sur place, à Douchanbé, auprès des services du ministère de l’Intérieur.

 

Des conditions sanitaires basiques

Aucun vaccin n’est obligatoire pour les deux pays, mais la mise à jour du diphtérie-tétanos-poliomyélite (DTP) est recommandée, de même que celle du vaccin rubéole-oreillons-rougeole (ROR) chez l’enfant. La vaccination antituberculeuse est également souhaitable.

En fonction des conditions locales de voyage, les injections contre la fièvre typhoïde, les infections à méningocoques et les hépatites virales A et B peuvent être opportunes. La vaccination contre la rage peut également être une bonne chose en fonction des conditions et lieux de séjour (pratique de l’équitation notamment).

Au Kirghizistan, des cas de transmission du paludisme ont été rapportés. Le risque est cependant sporadique, saisonnier (de juin à octobre) et localisé dans certaines parties méridionales et occidentales du pays, principalement dans les zones frontalières avec l’Ouzbékistan et le Tadjikistan (régions de Batken, Djalal-Abad et Och) et à la périphérie de Bichkek. De l’autre côté de la frontière, il en est de même pour les régions du Haut-Badakhshan, de Khatlon, de Douchanbé et de Khoudjand.

Le réseau hospitalier est plus que basique. Quelques références peuvent être trouvées, dans les deux capitales uniquement, pour Bichkek et Douchanbé sur les pages dédiées du gouvernement français.

Pour autant, dans les quelques établissements privés, les coûts d’hospitalisation peuvent être très élevés et une avance des frais ou une garantie sont généralement sollicités. Hors de ces derniers, lors de déplacements en province, il est conseillé de se munir d’un matériel médical de première urgence (y compris aiguilles stériles à usage unique).

En cas d’accident grave et si une opération chirurgicale devait être envisagée, l’évacuation médicale vers un pays tiers est recommandée. En effet, à l’heure actuelle, aucun hôpital ne dispose des équipements médicaux nécessaires à une intervention chirurgicale lourde (IRM, scanner, etc.).

 

Une présence française réduite mais réelle

Les ambassades des France à Bichkek et Douchanbé sont des « postes de présence diplomatique » aux missions et effectifs réduits ; elles assurent cependant les urgences consulaires, mais c’est l’ambassade de France à Nour-Soultan (Astana), au Kazakhstan, qui est compétente pour toutes les autres démarches administratives concernant les Français résidents ou de passage au Kirghizstan et l’ambassade de France à Tachkent, en Ouzbékistan, qui effectue le même travail pour le Tadjikistan.

Il est donc plus qu’essentiel pour les Français de passage de s’enregistrer sur le fil d’Ariane, afin de recevoir les alertes concernant le pays où ils se trouvent ; de même, au Tadjikistan, l’ambassade de France conseille aux visiteurs de se signaler directement auprès d’elle à leur arrivée.

 

De manière plus générale, un voyage dans ces confins du monde nécessite une réflexion approfondie sur les couvertures assurantielles : l’absence de vols directs vers l’Europe et l’isolement des deux pays rendent les logistiques d’évacuation complexes.

Il convient également, en cas de pratique de randonnées ou sports extrêmes, d’adapter le contrat souscrit à vos besoins afin d’éviter de mauvaises surprises. Plus que jamais, l’assistance d’un spécialiste comme GEODESK est une réelle plus-value pour que votre découverte se déroule l’esprit tranquille et bien conseillé.

 

[Note : la terminologie utilisée pour les noms de lieux est celle du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.]

Photo : © Jean BEAUDOIN

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