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Le Liban : un Orient familier et déroutant

Newsroom, Non classé | 20 octobre 2023

« Al Loubnan ». Le Liban est inscrit dans notre imaginaire depuis des siècles : de la Byblos du IIIè millénaire avant l’ère chrétienne (la « terre de lait et de miel » de la Bible) à l’empire Ottoman (XVIè-XIXè siècle) ; des « États latins d’Orient » (XIè-XIIIè) à la fin du « mandat français » (1943), l’appellation est ancienne, mais l’État libanais tel que nous le connaissons désormais est récent : il date tout au plus des années 20.

Ce petit pays (10.000 km², 8 millions d’habitants, pour une diaspora estimée à 12) situé entre mer et montagnes occupe une place stratégique au cœur d’un Moyen-Orient troublé. Il nous est familier, mais demeure déroutant et doit impérativement être appréhendé sous ces deux angles.

Les répercussions de la violente crise actuelle entre Israël et le Hamas à Gaza doivent également être scrutées de près.

  1. Une géographie religieuse singulière

L’histoire du Liban explique sa première caractéristique : la mosaïque de communautés religieuses qui le composent se lit dans sa structure politique. De par la Constitution, modifiée pour la dernière fois par les accords de Taëf en 1989, les députés sont élus par circonscription, mais aussi par confession. Au total : 64 chrétiens et 64 musulmans, chacun subdivisés de manière précise entre maronites, grecs orthodoxes ou catholiques, arméniens orthodoxes ou catholiques et protestants pour les premiers ; entre sunnites, chiites, druzes et alaouites pour les seconds. Le Pacte national de 1943 (non-écrit) induit que le Président de la République soit maronite, le Premier ministre sunnite et le Président de l’Assemblée nationale chiite.

Il importe également d’avoir en tête une géographie singulière et mouvante en raison de démographies communautaires très différentes :

Au nord du pays, le gouvernorat d’Akkar est majoritairement sunnite, à l’exception d’une enclave chrétienne autour de Qoubaiyat ; au nord-est, celui de Baalbek-Hermel est chiite ; au nord-ouest, ceux du Liban-nord et de Kesrouan-Jbaïl sont chrétiens. Au centre du pays, le gouvernorat du Mont-Liban se partage entre chiites au sud de la capitale, Druzes dans la montagne éponyme et Chrétiens. La plaine de la Béqaa voisine est sunnite, druze et chrétienne, alors que les mohafazats de Nabatîyé et du Liban-sud sont essentiellement chiites, avec deux enclaves chrétiennes à Marjayoun (près du fleuve Litani) et Rmaïch (sur la frontière israélienne).

La capitale quant à elle (qui est également la neuvième division administrative) se divise, hors centre-ville, en un est chrétien, un ouest sunnite et un sud chiite, zone dans laquelle se trouve notamment l’aéroport.

Pour être complet sur ce panorama « territorial », le Liban compte également cinq grands camps de réfugiés palestiniens qui sont administrés par les Nations unies (du sud au nord : à Tyr, Saïda, Beyrouth sud et Tripoli (2). Ces camps de réfugiés sont souvent situés près de centres urbains et ne sont pas toujours bien délimités.

 

  1. Un paysage sécuritaire complexe

Il est délicat de peindre un tableau global de la situation sécuritaire au Liban : à un sentiment global de « facilité » doit se superposer la conscience de la volatilité extrême de la situation, qu’elle soit sociale (manifestations contre la vie chère), politique (contestation du système institutionnel), religieuse ou internationale (soutien aux Palestiniens, problèmes frontaliers -terrestres et maritimes- avec Israël, voisinage syrien).

Le pays est confronté à une crise économique majeure qui entraîne d’importantes pénuries de produits de première nécessité, notamment de médicaments et de carburant. Des tensions et des affrontements devant des stations-service et des pharmacies ont déjà eu lieu.

La délinquance « de droit commun » est en hausse (vols, cambriolage, vols de véhicule, vols par effraction) sur tout le territoire.

La menace terroriste reste constante, bien qu’aucun attentat ne soit à déplorer depuis 2016. Les services de sécurité libanais ont déjoué au moins deux attaques pilotées par l’État islamique depuis le Liban et la Syrie en août 2020 et en février 2022.

Compte tenu des tensions sécuritaires dans la région et notamment à la frontière sud, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères déconseille, depuis le 18 octobre, « aux Français de passage qui envisagent un séjour au Liban de se rendre dans ce pays, sauf raison impérative ».

Globalement, dans les pages « conseils aux voyageurs », la partie centre-ouest du pays est en orange (« déconseillé sauf raison impérative ») et le reste en rouge (« formellement déconseillé »). Ces « zones rouges » sont notamment :

  • Dans le Liban-nord, au nord de la route reliant Abdeh à Mechmech,
  • La plaine de la Béqaa, y compris Baalbek et Anjar,
  • Dans le Liban-sud, le sud de l’axe Marjayoun jusqu’à la ville de Tyr. Dans cette zone qui s’étend jusqu’à la frontière avec Israël, l’accès est restreint et réglementé de manière très stricte par l’armée. De nombreuses mines demeurent également au sol,
  • Les camps palestiniens et leurs abords, sur l’ensemble du territoire. Il est rappelé que l’accès à ces camps est interdit par les autorités libanaises,
  • Les banlieues sud de Beyrouth et Saïda.

On relèvera que, si les forces de sécurité libanaises s’étoffent et coordonnent désormais leurs actions, des groupes armés, locaux ou extra-libanais, opèrent encore dans les quartiers de la banlieue sud de Beyrouth, dans la Béqaa et sur la frontière syrienne du nord et du nord-est.

Pour se rendre en voiture de la capitale à l’aéroport, il est fortement recommandé d’emprunter l’autoroute qui relie Beyrouth à Saïda ; il est très vivement déconseillé d’emprunter la route traversant les quartiers sud de Beyrouth (risque de kidnapping). Il est par ailleurs recommandé aux personnes devant voyager de s’informer au préalable de la situation (risques notamment d’embouteillages, de routes bloquées ou de manifestations) et, si nécessaire, de partir suffisamment tôt pour prendre l’avion.

A l’heure actuelle, on peut raisonnablement qualifier l’environnement du Liban comme très précaire. Des manifestations de grande ampleur en réponse à la situation entre Israël et le Hamas à Gaza ont entraîné des troubles civils, en particulier à Beyrouth. Les manifestants ont pris pour cible des ambassades étrangères et des organisations internationales. L’attitude du Hezbollah, qui contrôle l’essentiel de la frontière sud, est suivie de près : si l’organisation chiite semble pour l’heure sur la réserve, une escalade, unilatérale ou en réponse à des actions israéliennes contre l’Iran aurait des conséquences potentiellement très graves.

 

  1. Une situation sanitaire mitigée

A l’image du pays, le système de santé libanais est extrêmement contrasté : la crise de 2019 et ses répercussions économiques ont mis à mal le système public qui a perdu plus de 3000 médecins et infirmiers, partis soit à l’étranger, soit dans les hôpitaux privés qui, « dollarisés », se développent et atteignent les standards internationaux. La liste de ces établissements est disponible sur le site précité.

Il est cependant essentiel de noter deux points :

  • Ces hôpitaux ne fonctionnent qu’en monnaie étrangère, afin de pallier une inflation de l’ordre de 150% par an et d’éviter un change parallèle coûteux. La pénurie de devises peut affecter la disponibilité des produits et, plus généralement, le paiement des services.

Ces établissements vérifient systématiquement la solvabilité de leurs patients avant d’entreprendre tout soin.

Afin de faire face aux frais d’hospitalisation et aux dépenses de santé parfois très élevées, il est vivement recommandé de disposer d’un contrat d’assistance ad hoc permettant de couvrir l’ensemble des les frais médicaux (chirurgie, hospitalisation, etc.) et de rapatriement sanitaire, au risque de ne pas être pris en charge, y compris en cas d’urgence vitale. Une attention toute particulière devra être portée aux plafonds de couverture,

  • L’essentiel des hôpitaux de référence se trouvent à Beyrouth. Même si le pays est de taille modeste, les villages de montagne (Mont-Liban et Anti-Liban, montagne druze, collines du sud) peuvent de fait être difficilement accessibles en ambulance, notamment les mois d’automne et d’hiver où pluie et neige peuvent couper les routes.

Aucune vaccination n’est obligatoire mais certaines sont recommandées : mise à jour de la vaccination diphtérie-tétanos-poliomyélite (DTP), tuberculose et, en fonction du profil du séjour, fièvre typhoïde, méningite et hépatites virales A et B.

Pour les enfants, rubéole, oreillons et rougeole sont souhaitables.

Enfin, quelques rares  cas de choléra ont été signalés récemment dans le nord du pays (Akkar).

 

  1. Une vigilance plus que nécessaire

Proche (4h20 de vol), francophone, partageant de nombreux points communs avec la France, le Liban est un pays que l’on doit aborder muni des bonnes cartes.

Plus que jamais dans le contexte actuel, les conseils d’un opérateur spécialisé dans l’assurance et la sécurité s’avèreront précieux pour partir l’esprit libre.

Geodesk est à votre disposition pour faire avec vous le point sur vos projets et besoins au Levant.

 

 

Note : la translittération des noms de lieux en arabe est celle du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.

Photo © Lina HAIDAR

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