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Haïti : Une instabilité croissante

Newsroom | 8 avril 2021

L’état d’urgence a été déclaré pour un mois le jeudi 18 mars dernier dans trois quartiers de la capitale, Port-au-Prince, contrôlés par des gangs armés qui défient l’autorité de l’État.

Cet aveu d’impuissance face à la criminalité affecte un pays qui souffre d’une instabilité politique endémique depuis des années, d’une surexposition aux risques naturels et de structures sanitaires plus que déficientes.

 

Une criminalité omniprésente

Sur la page « Haïti-sécurité » du site Internet « Conseils aux voyageurs », le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE) relève que « la situation sécuritaire demeure particulièrement préoccupante en Haïti. Des gangs armés sont durablement implantés et actifs dans plusieurs zones du pays, notamment dans la capitale et ses environs. Ces gangs opèrent régulièrement des enlèvements crapuleux violents, dont la recrudescence est importante depuis plusieurs semaines », suivi de la mention : « dans ce contexte, il est fortement conseillé d’éviter de s’y rendre en voyage ». Une grande partie du territoire, y compris de nombreux quartiers de la capitale est classée en « formellement déconseillée », le reste étant en « déconseillée sauf raison impérative ».

Ces enlèvements contre rançon touchent indistinctement les habitants les expatriés, les binationaux en visite et la population locale. Une opération de police, menée le 12 mars dans un quartier de la capitale, qu’un gang utilise comme lieu de séquestration de ses victimes, s’est soldée par la mort de quatre policiers et la perte de matériel. Si un véhicule blindé a été récupéré par la police mardi soir, les corps des agents tués et mutilés par les membres du gang, qui ont diffusé des vidéos de leurs actes, sont toujours dans le quartier en question. Cette situation a attisé la colère de certains policiers qui ont manifesté à plusieurs reprises dans la capitale au cours de la semaine qui a suivi.

Concrètement, à Port-au-Prince, il est plus que dangereux de se rendre dans les quartiers situés à l’ouest de la ville (bord de mer) ainsi que dans l’ensemble des zones défavorisées (de Leclerk Bidonville à Cité Soleil, en incluant Jalousie à l’est, Miron, Fort Mercredi, Martissant, Fontamara, Bolosse, Lelio, Cité de l’Eternel, Cité de Dieu, Portail Léogane, Morne à Tuf, Centre-ville, Bicentenaire, Saint-Joseph, Croix des Bossales, La Saline, Saint-Martin, Sans Fil, Delmas 2 à Delmas 18 inclus).

L’arrivée à l’aéroport et les abords immédiats de son emprise nécessitent aussi sur-vigilance.

En province : le département de l’Artibonite est à éviter en raison de l’activité de groupes violents. Le trajet Saint Marc – Les Gonaïves par la RN1 est également dangereux. Aux Gonaïves, de nombreux affrontements entre bandes rivales sont signalés. De même, la zone située entre Croix des Bouquets et l’Etang Saumâtre, incluant Thomazeau et Ganthier, est hors de contrôle.

Il est également recommandé d’éviter de se rendre par la route à Malpasse, point de passage avec la République dominicaine. La zone frontalière, peu sécurisée, est le lieu de nombreux trafics et de violences récurrentes

Enfin, il n’y a, sur l’île de la Tortue, aucune force de l’ordre ; de fait aucun contrôle de la situation sécuritaire ne s’y exerce.

Au large, il convient de relever que les eaux territoriales haïtiennes ne sont pas surveillées et qu’elles constituent un lieu de transit privilégié du trafic de drogue entre Amérique du sud et du nord.

On conseillera vivement à chaque visiteur en Haïti de s’inscrire sur le fil d’Ariane, application du MEAE qui permet de localiser à l’instant « T » les Français présents dans une zone donnée et de leur envoyer d’éventuelles alertes.

 

La situation sécuritaire a par ailleurs conduit le ministère à suspendre en mars 2020 les adoptions internationales avec Haïti ; cette suspension sera réexaminée en juin de cette année. La mesure concerne les dossiers de candidats à l’adoption résidant en France qui n’ont pas été apparentés à la date de l’entrée en vigueur de l’arrêté.

 

Les consignes comportementales dans ce type de zone surdéterminée sont donc plus que jamais nécessaires :

– Éviter d’emprunter des routes ou des rues isolées et rester sur les grands axes de circulation. Ne pas se fier aux itinéraires suggérés par les applications d’orientation et systèmes de guidage,

– Limiter ses déplacements et éviter dans la mesure du possible de circuler seul,

– Stationner son véhicule dans des zones protégées,

– Ne pas emprunter les transports publics et les taxis locaux et ne pas circuler à pied sur la chaussée ou les trottoirs,

– En cas d’agression, n’opposer aucune résistance et ne faire aucun geste, mouvement ou action qui pourrait être assimilé à une forme de résistance,

– Toujours s’assurer que son véhicule est en bon état de fonctionner et ne risque pas une panne en cours de route ; d’avoir suffisamment d’essence dans son réservoir,

– Toujours circuler les vitres fermées et portières verrouillées, ne pas laisser d’objets de valeur visibles à l’intérieur des véhicules,

– Toujours surveiller son environnement immédiat. En cas de situation suspecte, essayer, dans la mesure du possible, de rejoindre un lieu protégé et de signaler la situation/l’incident à l’Ambassade de France en Haïti,

– Organiser son accueil par des proches ou des personnes de confiance,

– Veiller à la plus grande discrétion sur l’objectif et les modalités de son déplacement, ainsi que sur l’adresse de destination finale,

– Ne pas porter des vêtements, des accessoires ou des bagages de valeur,

– Limiter au minimum le transport d’objets de valeur et de sommes d’argent en liquide, en privilégiant les transferts par voie bancaire.

 

Une situation politique et sociale confuse

Des manifestations politiques et/ou sociales affectent régulièrement les grandes villes du pays (Port-au-Prince et Cap Haïtien). La Police nationale d’Haïti (PNH) est en charge du maintien de l’ordre et ne fait pas toujours preuve de modération. En parallèle, la faiblesse de la présence étatique et une culture de l’impunité constituent un facteur de risque, certaines situations étant particulièrement volatiles.

Ces manifestations et ces mouvements sociaux dénoncent la cherté de la vie et réclament des comptes sur la gestion de certains programmes d’aide.

Sur le plan politique, la situation est incertaine. Depuis le 13 janvier de cette année, en l’absence de la tenue des élections générales prévues en octobre dernier, le mandat des 119 députés et de 10 des 30 sénateurs a pris fin ; on est donc dans une sorte de flou constitutionnel.

De même, l’opposition, qui considère que le mandat du Président  Moïse est expiré depuis février dernier (alors que le gouvernement considère qu’il court jusqu’en février 2022), a nommé un symbolique « président de transition ».

Haïti, seul État du continent américain à faire partie du groupe des pays les moins avancés (PMA, classement ONU), est en 168e position en termes de développement humain (sur 189 pays) selon le PNUD. Près des trois-quarts de la population vit sous le seuil de pauvreté. La dégradation des conditions économiques du pays (inflation à 20 % et dépréciation de la gourde), ainsi que les troubles politiques, ont fortement impacté la sécurité alimentaire du pays. L’ONU estime ainsi que près d’un tiers de la population a eu besoin d’une aide alimentaire d’urgence en 2020.

Une grande exposition aux risques naturels

Haïti est, chaque année, de juin à novembre, touchée par des ouragans qui peuvent être d’une grande violence ; plus que les vents, ce sont les pluies, les inondations et les crues, liées à un relief très contraint et à des sols fragiles, qui entrainent de lourdes pertes humaines et matérielles. Il convient de consulter les recommandations de base, de s’informer des prévisions météorologiques et de suivre les instructions des autorités locales.

En octobre 2016 et 2017, les ouragans Matthew et Irma ont dévasté le sud et l’ouest du pays et causé de fortes inondations dans le nord. Les services essentiels n’ont pas encore été parfaitement rétablis et l’accès à certaines zones peut encore être limité, notamment dans les régions rurales.

Le risque sismique est également prégnant ; Haïti subit régulièrement des tremblements de terre ; le dernier, le 12 janvier 2010, avec une magnitude 7 sur l’échelle de Richter, a fait des centaines de milliers de morts et de blessés. Là encore, la connaissance des recommandations adaptées est essentielle.

Un système sanitaire déficient

La plupart des médecins sont basés à Port-au-Prince.

Les hôpitaux publics sont peu nombreux et sous-équipés. Quelques établissements privés prodiguent des soins convenables. Cependant, ils n’acceptent généralement la prise en charge qu’après le dépôt d’une caution, même au vu d’un justificatif d’assurance. Il est recommandé d’avoir leurs coordonnées avant le départ.

En avion, il vaut mieux veiller à conserver ses médicaments essentiels sur soi, en raison du risque d’une indisponibilité des bagages à l’arrivée. Il est recommandé de constituer sa pharmacie personnelle en conséquence et de ne jamais consommer des médicaments achetés dans la rue (risque de contrefaçons).

Aucune vaccination n’est obligatoire mais certaines sont recommandées, notamment la mise à jour de la vaccination diphtérie-tétanos-poliomyélite (DTP) ainsi que la vaccination rubéole-oreillons-rougeole (ROR) chez l’enfant. Il en va de même pour la vaccination antituberculeuse. Celles contre la fièvre typhoïde et les hépatites virales A et B sont utiles. Toute aussi importante, l’immunisation contre la rage est conseillée, y compris dans la perspective d’un séjour en ville.

Située en zone tropicale, Haïti est exposé aux différentes maladies dont les moustiques sont vecteurs : paludisme, chikungunya, dengue et zika.

En Haïti, comme dans les pays surexposés de la zone, un voyage se prépare soigneusement, quelles que soient la nature et la durée du séjour ; l’aide d’un courtier spécialisé dans le sur-mesure à l’international vous permettra de cerner et couvrir vos besoins et de disposer de l’information pertinente au bon moment.

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