La Côte d’Ivoire se remet doucement d’une décennie de crise (2002-2012) qui a laissé des traces profondes dans cet état d’Afrique de l’Ouest qui connut son « âge d’or » dans les années 70/80 et aspire à retrouver un nouvel essor économique. Les courants d’affaires ont en effet clairement repris et les voyages d’affaires se multiplient.
Trois écueils guettent cependant cette ex-colonie française : une situation sociale et politique encore volatile, une délinquance en accroissement sensible et une exposition au terrorisme jihâdiste. En parallèle, la situation sanitaire du pays est très moyenne.
Une situation sociale et politique encore volatile
La croissance économique dépasse les 8%, les infrastructures portuaires sont de qualité, le secteur primaire agricole tire l’activité et le pays est autosuffisant en gaz et pétrole ; cependant la lutte contre la corruption et une meilleure distribution des bénéfices de la croissance sont des priorités et les manifestations populaires les réclamant, spontanées ou non, sont régulières. Même voulues pacifiques, elles peuvent rapidement dégénérer en fonction du contexte local ou de la (sur)réaction des forces de sécurité.
Les milices armées constituées à l’époque de la guerre civile ont théoriquement été dissoutes. Les élections présidentielles de 2020 et législatives de 2021 se sont déroulées dans un calme relatif malgré, pour les premières, un troisième mandat contesté pour le président Ouattara et, pour les secondes, un taux de participation inférieur à 40%. Le fantôme de la crise post-électorale de 2010 (3000 morts) semble écarté et cette fois-ci l’ensemble des forces politiques ont pris part au scrutin. En parallèle, un processus de « réconciliation nationale » est en cours, qui devrait à terme permettre à l’ex-président Gbagbo de revenir dans le pays, la Cour pénale internationale (CPI) l’ayant acquitté en première instance des accusations de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité qui pesaient sur lui. Des soubresauts des rivalités anciennes ou des tentatives de déstabilisation ne sont cependant pas à exclure : le mystère demeure ainsi autour de l’attaque de la caserne d’Abobo (nord d’Abidjan, 4 morts) le 21 avril dernier par un groupe armé non identifié.
Une délinquance en accroissement sensible
La criminalité constitue la principale menace à la sécurité en Côte d’Ivoire. À Abidjan et dans les autres villes du pays, elle est devenue endémique : vols à l’arraché, cambriolages, vol par effraction, voies de fait. Les assaillants n’hésitent pas à recourir à la force si on leur résiste. Les vols de voitures par « car-jacking » (berlines de luxe et 4×4) sont également fréquents.
La majorité des agressions se déroulent la nuit. Il faut donc redoubler de vigilance après le coucher du soleil, en évitant notamment de circuler tard la nuit et, au quotidien, de faire preuve de discrétion quant aux valeurs que l’on peut transporter ou avoir sur soi.
A Abidjan, il convient de ne pas se rendre seul dans certaines communes (d’ouest en est : Yopougon, Attécoubé, Abobo, Adjamé, Treichville et le quartier de Gonzagueville à Port-Bouët) et déconseillé de s’y rendre la nuit. Il est recommandé d’éviter de traverser à pied, même le jour, les ponts Charles-de-Gaulle, Henri-Konan-Bédié et Félix-Houphouet-Boigny. Le soir, il est préférable d’éviter de marcher sur le « Plateau » après la fermeture des bureaux et des commerces. La nuit, le quartier festif de la Zone 4 peut également se révéler dangereux.
Sur l’ensemble des axes routiers, mais plus particulièrement au centre et au nord du pays (axe Bouaké-Korhogo notamment), les «coupeurs de route» opèrent encore. Il s’agit de criminels armés qui agressent les passagers se trouvant à bord de voitures particulières ou de transports en commun. Ils peuvent ériger des barrages pour intercepter les véhicules ou bien les obliger à s’immobiliser sous la menace de leurs armes. Bien que le phénomène ait diminué, ce genre d’incident se produit encore régulièrement. Ces criminels sont particulièrement actifs dans les zones de productions agricoles (cacao et anacarde) ou d’orpaillage. Ils agissent à toute heure de la journée ou de la nuit.
De manière similaire, des bandes armées « résiduelles » des années de guerre civile rendent toute la bande frontalière avec le Libéria dangereuse ; elle est d’ailleurs classée orange (« déconseillée sauf raison impérative ») sur la page dédiée du site « Conseils aux voyageurs » du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Progressivement, la zone d’insécurité s’est étendue jusqu’à la station balnéaire de San Pédro sur la côte (district du bas-Sassandra) et, plus au nord, dans les districts des Dix-Huit Montagnes (zone touristique de Man), du haut Sassandra et du moyen-Cavally, où il est essentiel de bien planifier son déplacement.
Une exposition nouvelle au risque terroriste
L’attaque, en juin 2020, de la base militaire de Kafolo, près de la frontière avec le Burkina Faso (12 morts, 8 blessés) a mis en lumière la vulnérabilité des frontières nord du pays, sujettes à l’entrée de groupes jihâdistes venant de la zone sahélienne. C’est ainsi que la zone est classée rouge (« formellement déconseillée ») ainsi que, plus à l’intérieur-est du pays, le nord du district de Zanzan, incluant le parc national de la Comoé où les occidentaux peuvent représenter une cible de choix. Plus à l’ouest, l’ensemble de la frontière avec le Mali est classée orange sur une bande d’une cinquantaine de kilomètres.
Si depuis mars 2016 et l’attentat sur la plage de Grand Bassam (revendiqué par Ansâr ed-Dîne) aucune attaque n’a touché le sud, le gouvernement a notoirement renforcé son dispositif anti-terroriste, notamment dans les villes principales (Abidjan, San Pedro, Yamoussoukro, Bouaké) ; les lieux publics comme les hôtels, les restaurants, les marchés, les gares routières ou les lieux de culte sont en effet des « cibles molles » qui posent souci.
Une situation sanitaire très moyenne
En dehors d’Abidjan, les soins médicaux ne sont que partiellement assurés. Les hôpitaux exigent par ailleurs toujours un payement d’avance en espèces avant de prendre les patients en charge.
En cas de traitement régulier, il convient d’emporter ses propres médicaments et, sur place, de se méfier des contrefaçons, même dans certaines pharmacies.
Le vaccin contre la fièvre jaune est obligatoire pour entrer et séjourner dans le pays ; un contrôle du carnet de vaccinations est effectué à l’arrivée. La mise à jour de la vaccination diphtérie-tétanos-poliomyélite (DTP) est recommandée, ainsi que la vaccination rubéole-oreillons-rougeole chez l’enfant ; la vaccination antituberculeuse est également souhaitable. En fonction des conditions locales de voyage, les vaccinations contre la fièvre typhoïde et les hépatites virales A et B peuvent être opportunes, tout comme celles contre la méningite bactérienne A + C + Y + W135, notamment en cas de déplacement dans le nord du pays. La vaccination contre la rage peut également être à considérer dans certains cas, en fonction des activités et lieux de séjour.
Enfin, même si pour l’heure le risque semble contenu, les confins guinéens (nord-ouest) pourraient être affectés par une reprise d’ébola de l’autre côté de la frontière.
Cette situation sanitaire aléatoire hors de la capitale doit être mise en regard de deux facteurs d’exposition spécifiques : le risque routier (état des routes asphaltées aléatoire ; circulation intense entre Abidjan et Yamoussoukro, puis vers Bouaké et Korhogo ; très mauvais état des transports en communs, qu’ils soient formels ou informels) et les risques liés à la baignade et aux sports nautiques : l’océan Atlantique est en effet affecté à cet endroit-là de courants côtiers puissants et dangereux. De nombreuses personnes s’y noient chaque année.
Comme dans d’autres pays de la région, l’accompagnement d’un spécialiste peut s’avérer une réelle plus-value dans la perspective d’un déplacement professionnel ou d’une expatriation en République de Côte d’Ivoire.