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Arménie – Haut-Karabagh : La marque de l’histoire, la contrainte de la géographie

Article spécialisé, Newsroom | 14 septembre 2022

[Avec mise à jour au 16 septembre, 10h45]

Etat de 30.000 km² et un peu plus de trois millions d’habitants (pour une diaspora estimée à neuf millions, dont un peu moins d’un million en France), l’Arménie est un pays fortement marqué par son histoire ancienne (civilisation millénaire, premier état au monde à adopter le christianisme comme religion officielle, point de contact entre les empires turc, perse et russe) ou récente (génocide de 1915/1916, république soviétique en 1921 dans des frontières bien en-deçà de celles prévues par le Traité de Sèvres, puis indépendante depuis 1991) et contraint par sa géographie (territoire enclavé dont 90% se situe au-dessus de 1.000 mètres d’altitude, vallées encaissées, exposé à la séismicité du Caucase).

Les courants d’échange avec notre pays ont toujours été soutenus, qu’ils soient familiaux, culturels ou d’affaires et les voyageurs y sont toujours accueillis avec chaleur. Il convient simplement de préparer sérieusement son déplacement, l’actualité immédiate nous le rappelle encore en cette mi-septembre, la situation militaire dégénérant avec l’Azerbaïdjan depuis trois jours (cf. infra, paragraphe spécifique « Haut Karabagh »).

Des risques naturels importants

L’Arménie est située au cœur d’une zone qui connaît une grande activité sismique. La région est en effet soumise à la pression forte et constante de la péninsule arabique qui se heurte à la plaque eurasiatique. Le dernier grand séisme a fait entre vingt-cinq mille et trente mille morts le 7 décembre 1988, détruisant particulièrement les villes de Spitak et Leninakan (désormais rebaptisée Gyumri). Par ailleurs, même si la plupart des 500 volcans du pays sont monogéniques, une reprise de l’activité volcanique n’est pas à exclure.

Il est recommandé de prendre connaissance des consignes du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères applicables dans les zones sismiques.

Le climat, continental sur la majeure partie du territoire, devient rapidement montagnard avec l’altitude. Les hivers sont froids (particulièrement sur les hauts plateaux où il peut faire jusqu’à −40°c) et parfois assez neigeux (surtout en altitude). Les étés sont chauds et ensoleillés, ponctués de violents orages. Lors de ces épisodes météorologiques, des glissements de terrain importants peuvent survenir et affecter profondément les zones rurales et les voies de communication.

Il importe de noter au passage que l’Arménie attire de nombreux randonneurs mais que le pays manque de sentiers balisés. Il est donc vivement recommandé de faire appel à un guide professionnel local et d’indiquer au point de départ (hôtel ou chambre d’hôte) l’itinéraire précis envisagé et la durée prévisionnelle du parcours. Par ailleurs, il est aussi conseillé de prévoir un équipement adapté au terrain en cas de voyage prolongé dans les zones reculées, où ours et loups sont souvent présents.

Des transports exposés

Les accidents de la circulation restent une cause importante de mortalité. La topographie s’élevant rapidement, les axes routiers sont souvent sinueux ; la conduite peut être difficile et fatigante. Il convient de maintenir une vigilance constante au volant et/ou de bien choisir son chauffeur.

De nombreuses routes présentent un état dégradé et la présence de piétons ou d’animaux constitue un danger supplémentaire. Il est recommandé d’éviter de conduire la nuit, notamment en dehors des villes et de ne pas quitter les axes routiers principaux.

Par ailleurs, l’ensemble des compagnies aériennes certifiées par l’Arménie sont interdites de vol en Europe et par cela même déconseillées pour des raisons de sécurité.

Une situation sociale tendue qui jusqu’alors demeure contenue

L’Arménie est un des rares état-nation de la région, démocratique et multipartite ; les soubresauts politiques, liés notamment au conflit avec l’Azerbaïdjan (cf. infra) ou à une situation économique très moyenne (PIB de $ 4.500/hab, inflation très sensible à la dépendance aux importations, affaires de corruption) donnent régulièrement lieu à des manifestations de rues dont il vaut toujours mieux se tenir à l’écart mais qui ne dégénèrent généralement pas ou en tous cas demeurent sous contrôle.

De même, si la petite délinquance (vols à l’arraché) existe, elle est rarement violente.

Enfin, le risque terroriste est considéré comme faible à modéré par les observateurs spécialisés.

Il n’en demeure pas moins qu’une vigilance toute particulière devra être portée à l’évolution sociale et politique dans un contexte de crise économique internationale à laquelle le pays est éminemment vulnérable.

Un système sanitaire très moyen

Le système sanitaire (hospitalier notamment) arménien s’est nettement dégradé depuis les années 90.

Les soins médicaux de base ou d’urgence ne sont assurés que dans la capitale. Les hôpitaux exigent une garantie financière avant de commencer un traitement (carte de crédit ou paiement d’avance). En cas de blessure ou de maladie sérieuse, il est recommandé de privilégier un rapatriement. Le site de l’ambassade de France à Erevan donne les coordonnées des principaux établissements de santé ainsi que son numéro d’urgence joignable H24.

Si vous prenez régulièrement des médicaments, emportez-en une quantité suffisante avec vous. N’oubliez toutefois pas que l’importation de produits contenant des stupéfiants (ex. : méthadone) ou de substances utilisées pour traiter des troubles psychiques est soumise à des prescriptions spéciales qu’il sera préférable d’avoir traduites avec soi.

Go et no-go zones

L’Arménie est l’un des états les plus enclavés au monde pour des raisons naturelles, mais aussi pour des raisons politiques.

Le pays n’entretient en effet pas de relations diplomatiques avec deux de ses voisins : Turquie et Azerbaïdjan. Les frontières ouest et est sont donc entièrement fermées (y compris bien sûr celle avec la république autonome du Nakhitchevan (exclave membre de la république d’Azerbaïdjan).

Au nord, seul un ou deux postes frontières sont ouverts avec la Géorgie (liaison routière et ferroviaire) ; on évitera autant que de possible la route M16, la plus à l’est, au départ d’Idjevan. Au sud, les passages vers l’Iran s’effectuent sans encombre.

Sur l’onglet « sécurité » de la fiche d’Arménie du site internet « conseils aux voyageurs » du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, l’ensemble des zones proches de l’Azerbaïdjan est classé en rouge (« formellement déconseillé »), notamment en raison de la présence de champs de mines et de tirs sporadiques. Les confins iraniens et turcs sont en jaune « vigilance renforcée », étant souvent lieux de contrebande et de trafics.

La cas particulier du Haut-Karabagh

La région du Haut-Karabagh (ou « Nagorny-Karabagh » ou «  Artsakh ») est un cas à part : elle n’a pas de liens institutionnel en soi avec la république d’Arménie mais est très majoritairement peuplée d’Arméniens (+ de 90%), est fortement enracinée dans l’imaginaire collectif national et reçoit un soutien actif d’Erevan.

Un bref retour au siècle dernier peut éclairer la situation actuelle : rattachée en 1921 comme « région autonome » à la république socialiste soviétique d’Azerbaïdjan (très majoritairement musulmane chiite), elle proclame son indépendance en 1991 lors de la dislocation de l’URSS. Entre 1992 et 1994, le gouvernement de Bakou impose un blocus total et de violents affrontements s’en suivent dans lesquels Erevan prend partie pour les indépendantistes ; ils étendront leur zone de contrôle au-delà du Haut-Karabagh historique de manière à établir une continuité territoriale plus complète avec l’Arménie.

Un cessez-le-feu dans le cadre du « groupe de Minsk » (instance créée par l’OSCE) tiendra de 1994 à l’automne 2020, date à laquelle l’Azerbaïdjan lance une violente offensive.

Lors de ce dernier conflit, les troupes de Bakou, appuyées par des ex-jihadistes venus de Syrie, des combattants libyens et la Turquie ont repris les territoires perdus en 1994 et le contrôle de la ville karabaghie de Chouchi, en surplomb de la capitale Stepanakert, qui vit désormais ainsi sous une menace permanente. Lors de la signature d’un accord, le 9 novembre 2020, on estimera le bilan du conflit depuis 1991 dans la région à plus de 30.000 morts arméniens et près de 70.000 déplacés (la moitié de la population), essentiellement vers les provinces de Siounik et d’Erevan.

De par cet accord, la Russie (dont l’Arménie est un partenaire stratégique dans le Caucase) est garante du point de passage du corridor de Latchine et assura la présence d’une « force de paix ».

La question du statut du Haut-Karabagh actuel (amputé de plus d’un tiers de son territoire) n’a cependant pas encore été abordée. En l’état actuel des choses et avec l’onde de choc de l’intervention russe en Ukraine, la situation demeure explosive.

Malgré une rencontre des ministres des Affaires étrangères arméniens et azerbaïdjanais à Tbilissi sous l’égide de la France en juillet dernier, début août de nouvelles escarmouches mortelles ont affecté la ligne de front.

Depuis le 12 septembre, les troupes azerbaïdjanaises ont relancé les hostilités en attaquant directement le territoire arménien avec une violente intensité (plus de 200 morts dont au moins 135 côté arménien).

Le Haut-Karabagh et les zones frontalières demeurent donc totalement déconseillées aux visiteurs : outre les dangers inhérents à la guerre, l’absence de reconnaissance internationale et l’état souvent démuni des structures médicales rendent particulièrement difficile l’action des opérateurs sanitaires.

Comme pour de nombreux pays en crise, un voyage en Arménie se prépare avec un spécialiste.

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