Pays charnière entre les Caraïbes, l’Amérique centrale et l’Amérique du sud, le Venezuela se trouve depuis sept ans dans une situation doublement paradoxale : doté d’un président en exercice et d’un président par intérim qui lui est opposé, il s’enfonce dans une crise économique profonde alors qu’il est détenteur de richesses minérales de premier plan. Ces deux crises, politique et économique, ont des répercussions humanitaires, sécuritaires et sanitaires sans précédent. Etat des lieux.
Un imbroglio politique singulier
L’imbroglio politique vénézuélien a commencé en 2015, lorsque le Tribunal Suprême de Justice a empêché l’Assemblée Nationale, passée aux mains de l’opposition, de fonctionner. Un bras de fer s’engagea entre législatif et exécutif aboutissant, en 2017, à la création d’une assemblée constituante parallèle à la main du pouvoir. Les élections présidentielles de mai 2018 ont encore assombri le tableau. En effet, le président Maduro a été réélu lors d’un scrutin boycotté par l’opposition et marqué par une abstention supérieure à 50%, mais Juan Guaidó, président de l’Assemblée Nationale, s’est proclamé président de la République par intérim, considérant le scrutin frauduleux et l’élection de Maduro illégitime.
Il a rapidement été reconnu par une soixantaine de pays, dont les Etats-Unis, la France et la plupart des états sud et centre-américains alors que le Mexique, Cuba, la Russie, l’Iran et la Chine maintenaient leurs relations avec le président Maduro.
Malgré une répression violente à l’encontre de l’opposition et de la société civile, un statu quo très particulier s’est installé dans le pays où cohabitent désormais deux chaînes d’institutions (président en exercice / assemblée constituante et président par intérim / assemblée nationale) qui au mieux, se neutralisent et au pire, paralysent l’administration.
Une économie en chute libre
Alors qu’il possède les plus grandes ressources pétrolières au monde (+/- 300 milliards de barils), le Venezuela a connu une récession de près de 80% entre 2015 & 2020. Les sanctions économiques prises par une partie de la communauté internationale (et notamment les Etats-Unis), entre autres, ont entrainé la baisse drastique de la production, l’épuisement des réserves monétaires sans possibilité de refinancement, des restrictions importantes des importations. Le salaire minimum est à un équivalent de moins de 10 dollars US et l’hyperinflation règne.
Une situation humanitaire préoccupante
Ces crises provoquent une situation humanitaire fortement dégradée : les pannes affectant la distribution d’électricité et d’eau, la Croix-Rouge intervient désormais de manière permanente et fait face à des besoins en hausse constante. Selon l’ONU, 5,9 millions de citoyens (sur une trentaine) ont quitté leur pays, soit plus de 15 % de la population. La crise migratoire vénézuélienne est l’une des plus importantes au monde. A titre d’exemple, la France, qui avait mobilisé un peu moins de 800.000 euros pour venir en aide à la population locale en 2018, a porté cet effort à plus de 2 millions en 2019 et près de 4 en 2020. Cette aide est essentiellement constituée de subventions aux organismes humanitaires internationaux (HCR, CICR, OIM) ainsi qu’à des ONG apolitiques venant en aide aux Vénézuéliens, qu’ils se trouvent au Venezuela ou dans les pays frontaliers. Ces aides permettent le financement de projets en matière d’aide alimentaire, de santé et d’assistance aux populations vulnérables, d’inclusion sociale, ainsi que la promotion des droits de l’Homme et de l’égalité femmes/hommes.
Etat des lieux sécuritaire
Dans ce contexte très préoccupant, le ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères recommande aux voyageurs de reporter dans la mesure du possible leur déplacement. Si ce dernier est impératif, il conseille d’observer des consignes de sécurité strictes, de se tenir à l’écart des manifestations, d’adapter les itinéraires en conséquence, de prévoir des stocks d’approvisionnement (eau, nourriture et médicaments), de recharger régulièrement les appareils de communication, de procéder aux pleins de carburant des véhicules et de se tenir régulièrement informé de la situation, notamment sur le site web de l’ambassade.
Les risques sont de différentes natures :
Banditisme : Le Venezuela fait partie des pays ayant l’un des plus forts taux de criminalité au monde. Les conditions de sécurité continuent de s’y dégrader. Le trafic de drogue, florissant, est sévèrement réprimé. Des actes, violents, de piraterie maritime sont régulièrement rapportés à proximité d’Higuerote (station balnéaire à l’est de Caracas), au large de la Péninsule de Paria (à l’extrême-est du pays, face à Trinidad et Tobago) et aux alentours des îles voisines (Margarita notamment). Complètement à l’ouest du pays, celle de Paraguana, haut-lieu de transit de stupéfiants vers les îles Aruba, Bonaire et Curaçao.
Missions professionnelles : Outre les dangers inhérents à une manifestation qui dégénère, le métier de journaliste est particulièrement encadré, de même que l’exercice de fonctions humanitaires. Il existe d’ailleurs, au sein de l’ambassade de France, un « correspondant humanitaire » dont il est préférable de prendre l’attache avant toute mission.
Conditions naturelles : la cordillère littorale (incluant Caracas) constitue une région à risque sismique ; la nature des reliefs rend également très dangereuses les coulées de boue et glissements de terrains qui sont fréquents lors de la saison des orages tropicaux (de fin avril à fin novembre).
Concrètement, la carte dressée par le site « conseils aux voyageurs » dessine plusieurs zones « formellement déconseillées » (ou « zones rouges ») :
La frontière avec la Colombie et le Brésil, lieu de trafics anciens et où se trouvent des camps de personnes déplacées vivant dans des conditions plus qu’aléatoires.
L’arc minier (nord-est de l’État de Bolivar, nord-est de l’État d’Amazonas et une partie de l’État de Delta Amacuro), en raison de sa criminalité endémique et de la présence de bases arrière de guérilleros colombiens dans sa partie ouest.
La métropole de Caracas est quant à elle classée « zone orange » : « si la majorité des crimes sont commis dans les « barrios » (bidonvilles disséminés dans la ville), aucun autre quartier n’est épargné par les risques de violences » précise le MEAE. De même, « la plus grande prudence est recommandée dans la zone aéroportuaire de l’aéroport international de Caracas (…) où la sécurité des personnes n’est que partiellement assurée en dépit de la présence d’effectifs policiers ». Le visiteur devra aussi prendre soin du choix de son hébergement et laisser de côté les hôtels trop périphériques.
Une nécessaire vigilance sanitaire
En matière sanitaire, il faut avoir à l’esprit que ce qui fut la modernité vénézuélienne porte désormais le fardeau d’une décennie de crise : l’absence de devises et certains embargos induisent des pénuries récurrentes de médicaments, y compris les plus courants parfois. Il en va de même pour le matériel médical. Le site de l’ambassade de France offre une liste mise à jour de médecins et hôpitaux de confiance.
Il importe d’être tout particulièrement à jour en matière de vaccination : fièvre jaune, DTP, typhoïde, hépatite B et, chez l’enfant, ROR. La prévention du paludisme, de la dengue et du chikungunya est également conseillée.
Si les sanctions économiques prises par l’Union européenne ne portent que sur les avoirs et les déplacements de certaines personnalités, celles prises par les Etats-Unis affectent également les entreprises, dans le domaine des assurances et des transports notamment : une attention toute particulière devra donc être portée sur l’assisteur choisi en cas de voyage ou de séjour et sur ses capacités à entrer et opérer dans le pays avec le matériel idoine.
GEODESK demeure à votre disposition pour vous conseiller, effectuer une analyse de vos besoins, vous proposer des solutions adaptées à vos projets de déplacements à l’international, quel que soit le pays et la situation.