Peu d’états au monde peuvent se targuer de posséder plus de 100 sommets au-delà de 7000 mètres d’altitude et d’avoir également plus de 1000 kms de côte sur la mer d’Arabie ; de s’étendre des confins désertiques et accidentés de l’Afghanistan jusqu’au delta industrieux de l’Indus. C’est le cas du Pakistan, état charnière entre l’Asie centrale et les mers chaudes.
Pays « de turbulences, de tragédies et de triomphe » (Benazir Bhutto), le « pays des Purs », né d’une partition violente avec l’Inde en 1947, demeure méconnu du grand public ; pourtant les potentialités d’affaires y attirent de nombreux visiteurs professionnels. Les problématiques sécuritaires et sanitaires s’y enracinent dans l’histoire et la géographie.
Un rapide tableau s’impose donc.
- Dans l’ensemble du pays :
Le risque terroriste est le plus prégnant ; malgré une réelle volonté de contrôle de la part des autorités (et des opérations « musclées »), la situation est imprévisible.
Qu’il soit lié à l’extrémisme religieux ou à des conflits sectaires ou ethniques, les cibles en sont diverses. Toujours violentes, les attaques (attentats à l’explosif notamment) peuvent viser tout autant des militaires ou des civils pakistanais que des étrangers, résidents ou de passage. Aucune région n’est potentiellement à l’écart : si les villes intérieures de Lahore, Peshawar, Quetta sont affectées de longue date, la capitale économique, Karachi, au sud, en est désormais régulièrement l’objet.
Sur son site, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères rappelle les précautions d’usage et détaille les zones « déconseillées » ou « formellement déconseillées », qui couvrent l’essentiel du pays. Il y est notamment suggéré de coopérer immédiatement lors des contrôles sur la voie publique ou lors d’opérations de police, ceux-ci s’effectuant souvent sous haute tension.
Il est indispensable de porter sur soi et en permanence ses documents d’identité, de ne pas photographier des ouvrages d’art, des sites militaires, des engins ou unités des forces armées et de police et de se tenir informé auprès de contacts locaux fiables de l’évolution de la situation dans les zones de déplacement ou de visite.
Les mouvements revendicatifs ou sociaux, politiques ou religieux, sont toujours violents. De même, les accidents de la route ou des vendettas personnelles peuvent très rapidement dégénérer et donner lieu à tirs d’armes à feu et créer des perturbations dans les transports et la circulation des personnes.
La délinquance criminelle est, principalement dans les métropoles du sud, en très nette augmentation : les attaques contre les véhicules sont devenues chose commune ainsi que les « kidnappings express » visant à obtenir de la victime une rançon rapide ou un retrait d’argent. Là encore, la police réprimant ces actes avec autorité, les agresseurs n’hésitent pas à faire usage d’armes à feu, parfois de manière aveugle.
Un banditisme de type « coupeur de routes » est également à noter dans les régions rurales des provinces du Sind et du Penjab (sud et centre du pays, le long de l’Indus). De manière générale, il convient d’éviter de conduire soi-même, de ne recourir qu’à des sociétés de transports référencées et de ne jamais circuler de nuit.
In fine, seules trois zones sont classées en jaune sur la carte du pays (« vigilance renforcée ») : la capitale politique, Islamabad, dont la zone centrale est ultra-sécurisée, l’axe routier la reliant à Lahore (autoroute M2) et cette dernière ville elle-même. Dans les deux cas, comme dans toute autre métropole, il sera essentiel de choisir avec précaution l’hôtel ou le lieu d’hébergement (emplacement et sécurité active et passive).
- Des zones périphériques surexposées.
La vallée fluviale et ses premiers contreforts regroupent la grande majorité des 200 millions de Pakistanais ; les zones périphériques du pays se trouvent cependant dans un contexte géopolitique surdéterminé qui mérite attention.
Les déserts du sud-ouest : Province irrédente depuis l’indépendance (on en est à la cinquième guérilla depuis 1947) le Baloutchistan est isolé, pauvre et ses accès font l’objet de contrôles particuliers. Les zones frontalières avec l’Iran et l’Afghanistan sont en outre des lieux de contrebande dangereux et le pouvoir central y est faiblement présent. Armés, les contrebandiers n’hésitent pas à s’accrocher avec les autorités.
Les zones tribales du nord-ouest et la région de la Khyber pass : Les confins afghans du nord-ouest sont particulièrement instables. Les provinces du Khyber Pakhtunkhwa et les ex-« Zones tribales » (autour de Peshawar) échappent en partie au gouvernement qui se cantonne aux centres urbains. La situation est particulièrement volatile dans les régions du Swat et du Waziristan. Attentats, enlèvements et disparitions sont régulièrement rapportés. Des échanges de tirs ont en outre régulièrement lieu à la frontière entre les deux pays.
Le Cachemire : Officiellement, l’Inde et la Pakistan ne sont plus en guerre. Après trois conflits sanglants autour du statut du Jammu & Cachemire (administré par l’Inde mais dont le Pakistan revendique la souveraineté), les accrochages, parfois lourds, sont cependant réguliers. La dernière crise a commencé en août 2019 et le niveau de tension demeure très élevé. Des restrictions de mouvements peuvent être mises en place dans l’Azad Cachemire pakistanais, qui fait l’objet de permis d’entrée spéciaux à obtenir sur place. L’accès à la « ligne de contrôle » faisant office de délimitation temporaire est interdit. Par extension, il est impossible aux étrangers de s’approcher à moins de cinquante kilomètres de la frontière avec le Tadjikistan dans la province du Gilgit-Baltistan.
Un cas particulier : les sports de très haute montagne :
L’Hindu-Kush et, encore plus, le Karakorum doivent s’aborder avec une extrême précaution. Tout d’abord, le positionnement de ces chaînes où trônent deux « 8000 » mythiques, le K2 et le Nanga Parbat, à la rencontre du Pakistan, de l’Afghanistan, du Tadjikistan de la Chine et de l’Inde en rendent l’accès très contrôlé ; ensuite, leur nature (orientation des pentes notamment) les rendent particulièrement dangereuses et leur ont valu le surnom de « troisième pôle ».
Seule la Pakistan Tourism Devlopment Corporation est habilitée à encadrer les alpinistes ; tout autre mode d’excursion est donc à prohiber et il convient de souligner qu’il n’existe pas de service public de secours en montagne, autre que l’armée, de manière très aléatoire. Les quelques compagnies privées qui opèrent des hélicoptères d’altitude pratiquent systématiquement le prépaiement et les montants peuvent très vite atteindre les 50.000 euros pour une opération toujours complexe.
- Des contraintes sanitaires fortes.
Déserts, marécages et montagnes, le Pakistan présente toute la gamme des affections endémiques que l’on peut rencontrer sur ces terrains en zone tropicale : le pays est un lieu actif de transmission de la poliomyélite, de la méningite (A, C, Y et W 135) ainsi que de la fièvre typhoïde. Dans les zones basses du delta, une prévention contre l’encéphalite japonaise sera utile. Dengue, chikungunya et choléra sont également présents. Des tiques porteuses de la fièvre hémorragique dite « de Crimée Congo » se retrouvent dans les mêmes zones.
Le système médical public pakistanais est frustre. Dans les deux grandes villes du sud et dans la capitale, des cliniques privées (très onéreuses) peuvent offrir des prises en charge d’urgence de niveau acceptable, mais dès que l’on circule à l’intérieur du pays, les possibilités d’hospitalisation sont aléatoires, voire inexistantes. L’évacuation sanitaire devient donc assez vite la règle.
- Préparation, suivi, assistance
La nature multiple du Pakistan illustre l’importance d’avoir des couvertures spécifiques, pas seulement sur la santé et le rapatriement, mais également dans des domaines plus spéciaux comme l’enlèvement, la demande de rançon, la disparition et en l’occurrence la pratique de sports extrêmes.
L’accompagnement d’un spécialiste est ainsi une réelle plus-value dans la perspective d’un déplacement professionnel, sportif, ou d’une expatriation.