Près d’un milliard et demi d’habitants sur 3,3 millions de km² qui s’étendent du toit du monde aux forêts tropicales en passant par les plateaux du Deccan ; trois villes de plus de 15 millions d’âmes et sept autres au-delà de 3 millions ; des campagnes fertiles et des déserts arides, des fleuves immenses : l’Inde, troisième économie mondiale, est un pays-continent qui attire, fascine, bouleverse et pour lequel il est essentiel de partir bien préparé.
Un tableau général complexe
Pour le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, « l’Inde est, dans son ensemble, un pays relativement sûr, à condition de respecter un certain nombre de règles ».
Le tableau est cependant complexe et demande d’analyser les différents types de risques.
La menace terroriste est réelle. Elle a jusqu’alors frappé principalement les métropoles du nord, jusqu’à Bombay. Les forces de l’ordre en sont les premières cibles, mais il convient d’être particulièrement vigilant dans les lieux fréquentés par les ressortissants étrangers.
Les transports, routiers et ferroviaires, sont excessivement dangereux : l’Inde est le pays au monde à avoir la première mortalité routière ; le réseau est parfois de mauvaise qualité et le trafic toujours chaotique. En cas d’accident, les attroupements peuvent facilement dégénérer.
La petite délinquance (vol à la tire, notamment dans les trains et les lieux publics très animés comme les gares routières et les marchés) est fréquente ; de plus rares cas de séquestration pour extorsion de fonds ont récemment été rapportés. L’usage de produits somnifères ou stupéfiants dans les mêmes fins devient, lui, régulier.
Les escroqueries au transport de touristes (rabatteurs, fausses agences de voyages) sont nombreuses et leurs auteurs recourent parfois à l’intimidation physique. Il convient donc d’être très attentif au choix de son intermédiaire.
Les femmes, touristes ou résidentes, signalent régulièrement des occurrences de harcèlement ou d’agressions sexuelles, (attouchements, comportements déplacés, exhibitionnisme, voire viols). Le Quai d’Orsay insiste sur le fait « qu’il est essentiel dès l’arrivée en Inde, particulièrement pour les femmes et a fortiori celles voyageant seules, de prendre certaines précautions » en matière de tenue vestimentaire, de comportement et de déplacement.
Les risques naturels sont aussi variés que la géographie du pays : risque sismique dans le nord du pays et jusqu’à New Delhi, impact des pluies de mousson dans les métropoles exposées (Bombay notamment) et les zones rurales, cyclones sur la côte est (avec un pic entre mai et novembre).
Enfin, et bien sûr, la pratique de l’alpinisme et de la randonnée de très haute altitude demande une préparation physique et logistique très spécifique. Les secours en montagne sont quasi-inexistants en Himalaya (au Ladakh tout particulièrement) et les compagnies d’assurances classiques n’en prennent pas les coûts en charge.
Des spécificités régionales fortes
L’essentiel du territoire de l’Union indienne est classé en zone « jaune » (« vigilance renforcée ») ; un tour du pays affiné mérite cependant d’être fait.
Au nord-est : une zone « rouge » (« formellement déconseillée ») : le Jammu & Cachemire, zone de tension armée avec le Pakistan voisin et sujette à de nombreuses attaques de nature terroriste. Les voyageurs en transit depuis ou vers le Ladakh par la voie terrestre doivent prévoir des itinéraires adaptés.
Les « conseils aux voyageurs » ajoutent que « l’accès aux abords immédiats de la ligne de contrôle (LoC) et de la frontière avec le Pakistan est formellement déconseillé, y compris au niveau du poste frontière entre les villes de Wagah et d’Attari (Pendjab) » ; les tirs peuvent en effet y être fréquents.
A l’est du Cachemire, les tensions frontalières entre le Chine et l’Inde, en particulier dans la région du Ladakh, y compris aux abords du massif du Karakoram ainsi que du lac Pangong Tso, sont susceptibles d’affecter la circulation et les conditions d’accès. Il est préférable d’aller au Ladakh par avion (aéroport de Leh) ou par la route via Manali, uniquement l’été. Le trajet par la route depuis Srinagar est formellement déconseillé (tensions militaires, risques terroristes).
A l’extrême est, aux confins de la Birmanie, la situation dans l’Etat du Nagaland demeure tendue depuis les évènements du 4 décembre dernier, ayant entrainé des affrontements entre l’armée et la population locale. Les connexions internet sont aléatoires et les contrôles renforcés. Il est à noter que la situation est susceptible de se dégrader.
Un permis spécial est par ailleurs requis pour se rendre dans certaines zones (y compris au Sikkim et en Arunachal Pradesh). Il est nécessaire de prévoir du temps, dans l’organisation de son voyage, pour l’obtenir auprès des autorités locales. Les états frontaliers de Nagaland, Manipur, Mizoram et Tripura demandent aux visiteurs de s’enregistrer auprès des autorités locales.
Aux confins du Bangladesh, des mouvements « naxalites » (d’inspiration maoïste) opèrent dans les régions reculées du Bihar, du Jharkhand, de Chhattisgarh, de l’Andra Pradesh, de Karnakata, dans l’est du Maharashtra et au Bengale occidental. Leurs actions armées visent essentiellement les forces de l’ordre mais peuvent être meurtrières.
Des situations sanitaires contrastées
Dans les grandes métropoles existent des hôpitaux et cliniques privés de bonne, voire très bonne qualité. En revanche, de nombreuses zones touristiques, mêmes aussi fameuses qu’Agra par exemple, ne proposent pas d’infrastructure en mesure d’assurer une prise en charge médicale au-delà des soins de première urgence. Dans les zones rurales isolées, les dispensaires sont plus que basiques.
Des « listes de notoriété » de médecins et d’établissements médicaux sont disponibles aux onglets « vivre en Inde » des sites web de l’ambassade de France à New Delhi et des consulats généraux à Bangalore, Bombay, Calcutta & Pondichéry.
Le paludisme, la dengue, la fièvre typhoïde sont endémiques dans de nombreuses régions ; le chikungunya est également signalé à Delhi, Goa, Pondichéry, dans l’Andhra Pradesh, le Gujarat, le Karnataka, le Maharashtra et l’Orissa. Des cas de virus zika ont également été relevés en plusieurs points et il est recommandé aux femmes enceintes de prendre cet élément en considération. La rage, la leptospirose et la tuberculose font également partie du tableau sanitaire et peuvent être particulièrement virulentes.
Dans le Kerala, une attention toute spécifique doit être portée au virus nipah, zoonose transmise à l’humain par les animaux. Il provoque une série de maladies allant de l’infection asymptomatique à la maladie respiratoire aiguë et à l’encéphalite mortelle.
On conseillera fortement la mise à jour de la vaccination diphtérie-tétanos-poliomyélite (DTP), qui est d’ailleurs obligatoire pour les voyageurs venant de pays d’endémie ou d’épidémie de poliomyélite. Dans un même ordre d’idée, les voyageurs en provenance d’Afrique, d’Amérique latine et de Papouasie-Nouvelle-Guinée doivent présenter un certificat de vaccination contre la fièvre jaune.
La mise à jour de la vaccination rubéole-oreillons-rougeole (ROR) chez l’enfant est recommandée de même que la vaccination antituberculeuse. En fonction du profil du séjour, une couverture contre la fièvre typhoïde, les hépatites virales A et B, la rage et l’encéphalite japonaise peuvent s’avérer opportunes.
Un point tout particulier doit être effectué sur les risques liés à la pollution atmosphérique. New Delhi est la ville la plus polluée du monde, notamment en matière de particules fines PM 2.5 ; Bombay, Calcutta, Bangalore, Patna, Raipur et d’autres métropoles sont dans le même cas.
Cette pollution enflamme les voies respiratoires, diminuant la capacité pulmonaire. Les irritations oculaires sont également fréquentes. La seule solution pour les personnes à risques (personnes âgées, enfants, femmes enceintes, personnes souffrant d’asthme, de bronchite ou d’insuffisance cardiaque) est de minimiser l’exposition à la pollution : réduire activités et sorties, porter un masque, conserver les fenêtres closes et avoir une climatisation régulièrement entretenue qui fonctionne en mode « recyclage ».
Enfin, il est nécessaire d’évoquer également ce que plusieurs psychiatres ont nommé « le syndrome de l’Inde » ou le « coup d’Inde ». Pays à forte personnalité spirituelle, aux ambiances potentiellement surpeuplées, à la chaleur et à la poussière souvent importante, aux regroupements sonores, aux rapports sociaux parfois durs, inscrit dans notre imaginaire collectif avec des images prégnantes qui ne correspondent pas toujours avec la réalité vécue sur place, l’Inde peut déstabiliser, révéler des fragilités, accélérer des décompensations. Un médecin spécialiste du pays déconseille ainsi « aux personnes qui ne se sentent pas bien psychologiquement, ou fragiles à un moment de leur vie, de partir » et « d’attendre d’aller mieux avant de faire ce voyage, puissant malgré lui ».
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